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Zoom sur les lauréats du Prix UPP 2024
Nous sommes très heureux de vous présenter les deux lauréats de la troisième édition du Prix UPP et leurs projets
- Dans la catégorie Adhérent UPP : Antoine Martin avec sa série "Miami, not the Beach"
- Dans la catégorie Non Adhérent : Edoardo De Ruggiero avec sa série "Campus Stellae"
Lauréat adhérent : "Miami, not the Beach" - Antoine Martin
Allapattah est un quartier populaire de Miami, en grande majorité cubain et latino, coincé entre le très touristique quartier de Wynwood et l’aéroport. Bien qu’appartenant au même comté, Miami et Miami Beach sont en fait deux villes bien distinctes, avec deux maires et deux histoires. La première devient officiellement une municipalité dans les années 1890 et l’autre est créée autour des années 1915. La série « Miami, not the Beach » a pour point de départ la « Esquina de Abuela » (le coin de la grand-mère), une sorte de squat, à mi-chemin entre lieu artistique éphémère et centre culturel, organisant des événements pour et avec les communautés locales. Dans une métropole où l’aménagement urbain et le besoin constant de voiture ne favorisent ni les rencontres ni la création d’une vie collective, Esquina de Abuela est la porte d'entrée vers une ville bien différente de l’imagerie attachée à la péninsule-phare du bord de mer. Du centre à la périphérie de cette ville multiculturelle et multigénérationnelle, l’entre-soi familial et social est souvent privilégié, amenant à se détacher du reste du tissu urbain, voire du voisinage. Ce travail interroge la possibilité d'aller vers l'Autre – autant moi vers eux, qu’eux entre eux – en opposant vivre ensemble et entre-soi, dans une société encore très ségréguée. Ces groupes – Latinos, Afro-Américains, Caribéens – occupent leur territoire et se transforment au gré des influences, des flux migratoires, des processus de ségrégation, composant, à l’intérieur, autant de mondes à huis clos. Cette séparation est renforcée par le port d’armes à feu, ou par l’adoption de chiens réputés agressifs comme les pitbulls, illustrant un désir de constamment se protéger d’autrui et de le maintenir à distance.
© Crédit photos : Antoine Martin
Biographie d'Antoine Martin :
Antoine Martin est un photographe français né en 1997 et basé en région parisienne.
Son travail traite d’histoires qui n’en sont pas forcément, à la frontière entre l'implication et l'observation
distante, dans la simplicité du réel et la profondeur de l'imaginaire.
Pour sa série « Miami, not the Beach », débutée en 2018, il photographie les quartiers populaires de
Miami avec des flashs, en capturant des scènes extérieures comme des huis clos à ciel ouvert.
Il travaille également sur des projets documentaires pour des institutions et des ONG. En 2024,
il documente la situation socio-économique en Centrafrique au travers des actions de Triangle
Génération Humanitaire et Première Urgence International, pour une exposition à Bangui, Lyon et Paris
en collaboration avec l’Agence Française de Développement. En 2023, il est lauréat de l’appel d’offre
SUAVES de La Sorbonne Université, aux côtés de cinq autres photographes, dont Guillaume Herbaut. Ce
projet a pour but de donner à voir « la science en train de se faire » et aboutira à une exposition
itinérante pendant cinq ans en France et à l’étranger.
En parallèle il mène une réflexion sur le monde de la photographie, il réalise notamment une émission
sur le photojournalisme avec l’agence de production Injam.
Lauréat Non adhérent : "Campus Stellae" - Edoardo De Ruggiero
Le 28 novembre 2022, je suis parti avec un jeune détenu, inconnu de moi, pour plus de trois mois de marche sur 1600 km. C'était sa dernière chance en tant que mineur sous peine de justice, et il a dû écrire une lettre au juge pour demander d'intégrer ce projet de réinsertion sociale. Une longue marche. L'adolescent ne pouvait emporter ni téléphone portable, ni argent, ni musique enregistrée, seulement trois euros quotidiens d'argent de poche dont il disposait. On avait soixante-dix euros à deux pour se loger et avoir six repas par jour. Une journée de repos tous les dix jours. Ca a été un huis-clos dans la nature pendant trois mois. Le jeune était informé que s'il le souhaitait, il pouvait interrompre à tout moment
cette expérience pour revenir à sa situation antérieure. C' a était un acte de se relier au monde et à nous-même, une épreuve où la nature elle-même est devenue son juge et mon principal alliée. J'ai saisi cette opportunité pour faire de la photographie sur le terrain aux côtés de quelqu'un avec qui je partageais des circonstances communes, appelant à une compréhension plus profonde de l'humanité, non pas dans sa simplicité, mais dans sa complexité. Mes pieds ont saigné pendant le voyage, et j'ai lutté contre des sentiments de solitude et de tristesse. Dans ce lieu de désespoir, j'ai découvert une tendresse confuse, un moyen de surmonter des expériences personnelles, de me connecter à une compréhension plus grande des forces de la vie. Ce voyage m'a appris la leçon profonde de recevoir autant que de donner. J'ai été témoin de la résilience remarquable, non seulement chez mon jeune compagnon, mais aussi dans le paysage même qui nous enveloppait. Même dans les nuits les plus sombres, nous avons découvert des éclairs de lumière fugaces.
© Crédit photos : Edoardo De Ruggiero
Biographie d'Edoardo De Ruggiero :
Edoardo De Ruggiero est un artiste et cinéaste dont le travail se concentre principalement sur les nuances complexes de la narration et l'impact des récits. À travers l’entrelacement de photographies, de textes, d’images d’archives et de collages, il transforme son travail en une pratique performative qui relie la sphère intime aux représentations collectives. Particulièrement dédiées à l’art de la création de livres, les œuvres d’Edoardo ont été exposées à Paris, New York, Leipzig et Milan. Ses photographies ont été présentées dans des publications telles que i-D, Der Spiegel, Vogue Paris, Esquire et L'Express Magazine. Edoardo travaille à la création d'un nouveau livre, accompagné d'une prochaine exposition à la Galerie Sheriff à Paris, prévue pour l'automne 2024.
Le Prix UPP
Pour rappel, c'est dans le but de soutenir deux photographes professionnels dans la conception et la réalisation d'un projet photographique de qualité, que l’UPP a organisé ce concours gratuit, à thématique libre.
Mardi 12 septembre un jury composé de Philippe Bachelier (Photojournaliste, auteur et professeur à l'école Spéos), Florine Garcin (chargée de communication & action culturelle à la SAIF), Marie Valat (Fondatrice de Marie Valat Agency), Salomé d’Ornano (Directrice de la galerie Echo 119), Thomas Consani (Tireur traditionnel noir et blanc au laboratoire Picto), Alain Escourbiac (Directeur général d'Escourbiac l'imprimeur), Emmanuelle Halkin (Commissaire d’exposition, éditrice indépendante et également membre du comité artistique du collectif FETART) a délibéré et décerné les deux dotations.
La première dotation pour un photographe adhérent de l’UPP, Antoine Martin, d'un montant de 4000€. La seconde pour un photographe non-adhérent, Edoardo De Ruggiero d'un montant de 2000€.
Ces dotations ont pour objet d’aider les lauréats à réaliser leur sujet et à le présenter au sein d’une exposition commune qui aura lieu en 2025 à la Maison des photographes, siège de l’UPP.
Les deux Lauréats succèdent à Vincent Catala et Juliette Pavy, lauréats de l'année 2023.
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